prolepse didier

Prolepse, Didier

Malgré les protestations de son épouse qui trouvait la promenade trop risquée, il n’avait pas résisté à « l’appel de la forêt » sur laquelle était tombée une neige abondante et vraiment surprenante en ce mois de mars.

Emerveillé par la beauté du sous -bois, il s’était élancé sur le sentier presque effacé sans se douter qu’au-dessus de lui, une branche n’allait pas tarder à se briser sous le poids de la neige.

Il progressait rapidement vers le lieu de l’accident, sur sa tête un gros bonnet enfoncé ne suffirait pas à amortir le choc qui lui ferait perdre conscience.

Il se sentait fermement assuré sur ses jambes musclées par les balades à vélo ou à pied dont il était coutumier mais qui bientôt, se déroberaient sous lui.

Le silence inhabituel des lieux l’incitait à chantonner à voix basse, sans savoir que cette musique allait brusquement s’interrompre.

Il goûtait pleinement le plaisir que cette petite randonnée lui procurait avant de s’arrêter brutalement.

Il éprouvait le sentiment de jouir d’une pleine conscience avant que celle-ci s’évanouisse à jamais.

C’était un de ces petits bonheurs que, de temps en temps, la vie lui offrait …avant que cette vie ne s’achève.

 

Analepse

Il n’en peut plus de rester enfermé, à tenter de se conformer consciencieusement mais laborieusement aux consignes de sa professeure d’écriture jamais en peine d’imagination pour inventer de nouveaux supplices.

Abandonnant le texte qu’il essayait d’écrire, il s’efforce de reprendre ses esprits en pleine confusion provoquée par la création d’un récit où s’entremêlent le passé et le futur en une sorte d’Anaprolepse complètement déjantée.

Il se précipite donc dans le jardin, enfilant au passage une vieille doudoune, le temps étant plutôt frisquet en cet après-midi de janvier.

Passant devant la table de ping-pong repliée le long du mur du garage, il lui semble entendre le bruit si particulier du rebond la balle de ping-pong. Lui reviennent alors les images de ces longues parties jouées avec Timothé son petit-fils, qu’il a de plus en plus de mal à battre au fil des années.

En longeant le terrain de pétanque, il se replonge dans l’ambiance blagueuse des parties disputées en famille ou entre amis tandis que son deuxième petit fils, caché comme un petit lutin dans l’ombre de l’olivier joue rêveusement avec ses petites voitures.

Devant les carrés du potager dans lesquels plus rien ne pousse, il se souvient des longues séances d’arrosage le soir pour tenter de ressusciter les salades assommées par la chaleur de l’après-midi tandis que le basilic, la menthe, les tomates et les fraisiers plus résistants exhalent leurs bonnes odeurs sous la pluie de l’arrosoir.

Poursuivant sa promenade vers les trois chênes au fond du jardin, il se retrouve en pensée dans le hamac tendu entre les arbres pour accueillir une petite sieste avec un roman à la main pour commencer.

Et puis enfin la piscine, aujourd’hui tristement bâchée mais qui évoque immanquablement les jeux et les éclats de rires des deux enfants précités, les éclaboussures et les sauts en bombe qui laissent presque autant d’eau sur les bords de la piscine que dans le bassin lui-même.

Enfin la terrasse où s’abandonner à des bains de soleil et des rêveries éveillées.

Mais assez d’analepses ! on est en janvier et l’été est encore loin ! La récréation est terminée et il est temps de rentrer faire un petit feu dans la cheminée pour une soirée bien douillette

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