brouage

Le conte de Brouage, Claire

Le drame se passe à Brouage, en Charente Maritime, une ville perdue au milieu des marais, ancienne place forte du sel, jadis entourée par la mer.

Nous sommes le vendredi 18 décembre 2020. Je me souviens de la date car cette année fut celle du confinement. Je me souviens exactement de ce jour car c’était celui de la rupture.

Et bientôt celui du triste anniversaire.

Bref !

Cette histoire se déroule donc le vendredi 18 décembre 2020 après midi.

La ville fortifiée était silencieuse. Les artisans avaient tous désertés la place d’armes, la halle aux vivres et tous les recoins des fortifications.

Le vent du nord soufflait entre les allées emprisonnées sous le niveau de la mer.

Seule l’église était restée ouverte . Un oubli peut être ?

L’homme marchait d’un pas rapide.

Il téléphonait.

D’où venait il ? Pourquoi s’était -il aventure dans ce village fantôme ?Entouré par les anciens marais salants.

C’était un ancien policier , à la retraite.

Il se dirige vers l’escalier qui mène sur les remparts.

Sa fille qui l’accompagne est restée en bas, profitant du calme et de cette période sans touristes.

Pourquoi sont ils venus à Brouage en plein hiver ?

Depuis des heures qu’ils sont partis, pour parcourir les 600 kms qui les séparent de Nîmes, elle n’en peut plus et file se cacher derrière le grenier aux vivres pour faire pipi, discrètement puisque l’endroit est toujours désert. Quand elle revient elle ne voit plus son père.

« Il doit se promener sur les remparts, je le rejoindrais après , je n’ai pas envie d’y monter, les alizés doivent souffler encore plus fort la haut. »

Elle en profite pour entrer dans l’église restée ouverte. Comme un pèlerinage.

Elle se recueille face aux vitraux qui racontent l’histoire de Champlain et des charentais partis à la conquête du Canada.

Le soleil perce leurs couleurs pendant que le vent chante en se faufilant par la porte.

C’est alors qu’un énorme bruit la fait sursauter. Comme un canon qui transperce l’horizon.

Elle sort précipitamment et glisse sur les pavés remplis de mousse ou d’algues ou de quelque chose d’humide et de moisis.

« Quelle idée d’être venu ici …

J’aurais préféré être à Tahiti comme l’année dernière à la même époque , mais bon , avec ce covid c’est impossible de sortir de France cette année »…

maintenant il faut que je cherche papa.

Pourquoi n’est il pas revenu.? »

Elle se relève doucement, les fesses endolories après cette rocambolesque glissade.

« Je ne peux même pas demander à quelqu’un car c’est complètement désert ici »

La dernière fois qu’elle est venue c’était avec sa maman. C’était rempli de monde. Les étals des artisans d’art étaient rayonnants de couleurs.

C’était le temps du bonheur.

Aujourd’hui, l’ambiance est pesante.

Est ce l’approche de Noel ?

Le soleil bas sur l’horizon ?

« je suis seule, papa n’est pas là, mais j’ai l’impression d’être entourée d’une foule de personnes. C’est bizarre….

Bon je vais monter sur les remparts, pas le choix … »

Elle s’arrête devant un panneau :

La légende des marais

« Quand l’hiver revient , lorsque la nuit est la plus courte de l’année, que les humains ont désertés les marais et la capitale du sel, les habitants originels de Brouage reprennent leurs droits.

Ils sortent de leurs cachettes dans les marais abandonnés.

La vapeur s’échappe du sol, les elfes et les fées, fantômes vivants des âmes joyeuses, viennent alors prendre possession des pierres de Brouage et des imprudents qui ont osés s’y aventurer.Ils les capture alors afin qu’ils rejoignent leurs amours disparus. »

La jeune fille pâli.

Elle pense à son papa …

Elle pense à sa maman…

Elle se sent seule et désespérée…

Elle a peur.

Le vent s’intensifie et soulève la poussière.

Elle grimpe les escaliers qui mènent jusqu’aux remparts et court jusque l’entrée de la citadelle la où les touristes se garent en plein été.

Elle aperçoit une silhouette blanche au loin, vers ce qui semble être un mirador.

La silhouette est petite, ce n’est pas son papa. Elle danse.

La jeune fille crie pour l’appeler.

Elle l’entend chanter.

Derrière elle, depuis la petite cabane de pierre, une ombre sombre sort de sa cachette, plus grande .

« Papa ?»

Les deux se prennent la main. Elle a beau crier mais ils s’éloignent pourtant.

Elle court , elle crie … mais rien n’y fait.

La brume s’épaissit autour d’eux.

Des petits animaux sortis de nulle part , les ont rejoins.

Elle se rapproche.

La silhouette habillée de noir ressemble à son père. « Je l’ai enfin retrouvé! »

Mais qui est cette forme blanche ?

« Papa !» crie t elle

Il ne se retourne pas. Il regarde fixement l’autre personne, comme hypnotisé, comme ensorcelé.

Elle chante … on dirait un chant de sirène !

Elle le tient toujours par la main. Ils s’éloignent sur les remparts.

Ils ne se quittent pas du regard. On peut sentir la tension et l’irréalité de la situation.

La jeune fille est désemparée.

Enfin elle s’approche. Ils se retournent.

« La légende disait vrai »

Les elfes et les fées réunissent ceux qui s’aiment. Par delà la mort…..

Tags: No tags

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *