suspense intolerable

Suspense intolérable, Annie

La nuit est tombée, après une journée automnale pluvieuse, triste et grise. Vite, fermer tous les volets, allumer le feu, se renfermer jusqu’au lendemain…

Tout à coup, alors que je m’apprête à refermer les volets des portes fenêtres donnant sur le jardin, une présence discrète, un bruit infime me fait sursauter ! Quelqu’un marche et fait crisser les feuilles mortes…Le chat des voisins ? Un rôdeur ? un cambrioleur, un tueur en série ? C’est parti pour toutes les suppositions les plus dramatiques les unes que les autres…

Je me saisis d’un grand couteau, seule arme possédée et justement bien aiguisée depuis hier !

Aux affûts, tétanisée mais cependant,prête à tout, je ne respire plus, mon cœur s’est arrêté de battre pour ne pas faire de bruit. Un intrus dans le jardin ! Mais comment est il entré ? En passant par les toits voisins, nul doute ! C’est un acrobate, nul doute non plus !Je l’imagine, cagoulé, vêtu de noir, une allure féline, prêt à plonger pour m’étrangler… Un cambrioleur qui croit que j’ai des lingots d’or chez moi ? Il va être bien déçu…

Bien sûr, impossible de compter sur mon chien d’attaque, couché en rond dans son

panier ! Pitoyable défenseur, parasite goulu, bébé innocent !

Une feuille morte a atterri près de mes pieds, essayant de se frayer un passage pour se mettre à l’abri dans la cuisine, je me baisse pour la repousser plus loin… Surprise, c’est une feuille vivante ! Le contact est indéfinissable, douceur mêlé de texture étrange… Je pousse un cri d’horreur en découvrant sa vraie nature : un énorme crapaud qui me fait de gros yeux doux pour entrer chez moi ! Je lui envoie un coup de pied pour le repousser, le couteau toujours en mains. Il est parti ! Mon cœur recommence enfin à battre : un « prince charmant  » , entrevu, hideux à faire peur, répugnant au possible ! Affreux, affreux !

Je referme les volets on verra ça demain ! S’il est encore là et que je tombe dessus, je le mettrai dans un récipient et je l’enverrai dans le jardin d’en face ! Non, mais ! Quelle audace, m’effrayer comme ça, moi qui ai une imagination débordante et lis des polars, des thrillers atroces pour rire !

Cette nuit là, mes rêves ont été peuplés de bestioles dégoûtantes et je me suis réveillée bien fatiguée ! 

Je ne l’ai jamais revu… Bon débarras ! 

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