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Positif, François Romain

Quel plaisir d’être confiné !

Enfin du temps libre, délivré de toutes nos petites routines.

Fini le rythme infernal de la vie de retraité ! Ne plus être obligé de se lever tous les matins pour se rendre au gymnase, enfourcher son vélo ou encore faire huit kilomètres à pied sous prétexte de maintenir en forme un corps de rêve (C’est-à-dire qui n’existe que dans nos rêves)

 Finis les après-midis de shopping harassants généralement passés en quête d’objets tout à fait superflus (Que d’économies réalisées !)

Disposer enfin de tout son temps pour pouvoir se livrer à tant d’activités passionnantes : Ranger le grenier, nettoyer l’abri de jardin, passer au karcher tout ce qui peut l’être, tondre la pelouse trois fois par semaine, planter des salades (Qui feront surtout le régal des limaces…)

Prendre le temps aussi de se cultiver (Dans la mesure de ce que notre disque dur peut encore stocker), lire enfin toute l’œuvre de Proust (enfin, les cinq premières pages en se gavant de madeleines sous prétexte de se mettre dans l’ambiance.)

Quand on vit en couple, en profiter pour enrichir sa relation avec l’être aimé (entre deux ateliers de fabrication de masques alternatifs)

A la télévision, on pourra revoir la quarante -quatrième rediffusion de Rabi Jacob ou lors des informations, se replonger dans l’ambiance des débuts de la guerre de 14 (lorsque l’on prédisait une très rapide victoire sur l’ennemi)

Et puis il ne faut pas exagérer, le confinement n’est pas la réclusion : On peut même sortir se promener pendant une heure avec son épouse ou son chien selon ses préférences. Et là, on apprend à connaître par cœur le moindre détail du paysage à un kilomètre à la ronde. La promenade s’agrémentera d’un petit jeu d’observation consistant à relever tout ce qui aura changé depuis la promenade de la veille (En général, rien !)

 L’idéal serait de tomber sur une voiture venant d’un département étranger et de pouvoir dévisager ses occupants d’un regard lourd de reproche.

Il y a également la possibilité de faire des courses pour faire ‘‘des achats de première nécessité’’ C’est l’occasion de se livrer à une réflexion philosophique sur la notion de nécessité.

 Notion tout de même très relative et révélatrice des priorités que se donne une société, c’est ainsi que les cavistes ont été jugés nécessaires mais pas les libraires.

Pour faire ses courses, la prudence recommande de renouer avec un plaisir d’enfance presqu’oublié : Celui de se déguiser en se cachant derrière un masque. Quelle joie alors de s’offrir une petite séance de sauna portatif en respirant avec délice sa propre haleine.

Pour peu que vous portiez des lunettes, vous évoluerez dans une atmosphère embrumée gommant tous les défauts de votre environnement. Même votre voisine septuagénaire, qui elle ne porte pas de masque, vous paraîtra avoir rajeuni de 20 ans et sera tout à fait séduisante si ce n’était cette curieuse calotte blanche sur le haut du crâne contrastant violement avec la teinte acajou habituellement prodiguée par son coiffeur.

De toute façon, on gagnera un temps considérable sur les courses au supermarché car, suffocant de chaleur sous le masque et progressant à l’aveugle dans les rayons pour cause de lunettes embuées, on n’aura qu’une hâte, c’est de jeter au hasard le maximum de choses dans son caddie pour échapper au plus vite à l’asphyxie.

Enfin, et toujours pour rester positif, quel bonheur de rêver au temps d’après le confinement en faisant provision de bonnes idées sur toutes les choses pour retrouver notre vie d’avant mais en mieux !

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