lilas

Lili le lilas, Annie

Bonjour, permettez que je me recoiffe rapidement, ce vent de fin avril accompagné de giboulées de mars me ballotte en tous sens, j’en ai la tête toute folle ! J’ai pourtant été planté dans un coin abrité, juste à côté du carré potager, à un mètre de distanciation sociale de la glycine, cette frimeuse qui m’a entêté dernièrement avec son parfum tenace !
Question esthétique, je n’ai rien à lui envier : mes fleurs blanches, doubles et odorantes font l’admiration de tous ceux qui s’approchent… Je suis issu d’une lignée qui a été primée dans de nombreux concours de beauté, mon grand-père, majestueux, vivait dans le charmant jardinet d’une maison rénovée, dans un joli village du département de la Vienne. Il a eu de nombreux rejetons, des bébés lilas qui ont tous bien poussé, et moi, Lili, je suis le digne descendant, Saujonnais, charentais, âgé de trois ans maintenant. A chaque printemps je m’efforce de tripler ma production de fleurs.
Ma maîtresse a eu l’idée de protéger mon pied avec de vieilles tuiles cassées et elle a bien fait, car j’ai remarqué qu’un « yéti  » me tournait autour chaque matin avant de s’en aller, découragé, lever la patte ailleurs …
Dans les jardins environnants, j’ai quelques cousins éloignés, violets clairs, violets foncés doubles ou simples, mais pas de blanc immaculé, pas d’aussi racés que moi !
Je m’ébroue car je viens encore de recevoir une douche fraîche et ce n’est pas la dernière du week-end, je le sens !
Juste en face, je remarque les roses, qui hier encore, me toisaient, altières et méprisantes. Elles ont moins fière allure, gorgées de toute l’eau tombée du ciel, coiffure toute raplapla ! Alors que moi, imperturbable, stoïque, je reste digne, impeccable en toutes situations…
Je n’aurai pas autant de visites que la semaine dernière quand il faisait si chaud, ça me repose ! Ces abeilles, de vraies concierges ! Quel babillage, quel bavardage ! Avec elles je connais tous les potins, la nécrologie aussi. Vroum m’a appris que Go l’escargot s’était fait écraser en venant de Saint-Palais ! Pourtant, peu de circulation en ce moment, mais la seule voiture de la nuit aura été pour lui… Il a sûrement mal négocié la traversée du rond-point d’Arvert en direction de la route de Rochefort. Il me manquera, j’aimais bien l’observer la nuit, quand il venait dévorer les salades au clair de lune. Il croyait être discret ! Vroum m’en dira davantage, en tant que chef d’escadron, elle aura des détails. Je suppose que ce pauvre Go, qui n’était pas bien malin, s’est  » élancé » en pleine digestion, repu et pas très vigilant après un festin à Saint Palais, je sais qu’il avait de bonnes adresses là -bas !
Moi, je ne bouge pas de mon perchoir, je vois tout, j’apprends des nouvelles et je ne raconte rien, comme ça, pas d’histoire de voisinage !
Tiens, la sauge se réveille enfin, pas matinale, celle là… J’espère qu’elle sera aussi belle que l’an dernier, quelle luxuriance, les papillons se l’arrachaient. Quel joli ballet autour d’elle. Sa soeur, bleu marine, moins bien placée, reléguée à l’ombre du cabanon , comme une vulgaire aromatique sans éducation !
Notre Roi tout puissant, Monsieur Catalpa, trônant au centre du jardin, domine le quartier et nous donne des nouvelles de la rue. L’été, il daigne nous abriter de son beau feuillage et nous embaume en juin de ses grappes de fleurs blanches. Mais en novembre dernier, son arrogance en a pris un coup ! Les élagueurs ont débarqué, à grands bruits de tronçonneuses et en moins d’une heure, ils l’ont bien aéré, » bien dégagé derrière les oreilles  » ! Lui qui s’étirait langoureusement jusqu’au toit et se baignait les bouts de branches dans les gouttières, la ramenait nettement moins et il grelottait, tout ratiboisé !

Enfin, une bonne ambiance générale règne dans ce jardin, tout est calme, fleuri, pas un mot plus haut que l’autre, c’est le meilleur moment de l’année !!!

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