vigne

Les vendanges, Annie

Enfant, je passais une partie des vacances d’été chez mes grands parents maternels, dans la Vienne « très profonde », dans un hameau perdu au milieu de la campagne où il n’y avait rien, aucune distraction, aucun magasin, mais une ribambelle d’enfants pour jouer ! Les commerçants ambulants passaient plusieurs fois par semaine, ma grand mère faisait ses fromages avec le lait de ses chèvres. Elle faisait sécher ses fromages sur des feuilles de châtaignier, en hauteur, sur une grande planche… et ils vous dégoulinaient sur la tête au passage ! D’où mon aversion pour le fromage de chèvre peut-être ?
Une fois par an, le cochon était tué,force hurlements du pauvre innocent et c’était parti pour une journée de cuisine, conserves, pâtés, boudins et odeurs de gras, de sang chaud… quel spectacle ! Pas mon préféré !
Tout le monde s’entraidait à la campagne ,un jour chez l’un pour les moissons, chez l’autre ensuite etc…
Ce que je préférais, c’était le jour des vendanges. Mon grand père possédait des vignes au bout d’un chemin de terre. Il les  » bichonnait », les surveillait de près, puis  » tac,tac,tac » il fallait couper les belles grappes dorées ou brunes, les déposer dans un  panier en osier et un grand costaud passait dans les rangs avec sa hotte pour que vous puissiez vider votre panier et recommencer à le remplir ! De temps en temps, il allait déverser sa récolte sur la remorque au fond du champ, de hauts monticules s’y formaient rapidement.a
Les chants et les rires montaient dès le début et se répercutaient de rangs en rangs comme un écho ! Tout le monde était assidu au travail, dans la joie et la bonne humeur !
Les plaisanteries grivoises, les taquineries et sous entendus fusaient entre les adultes et l’accordéoniste  » du dimanche » promenait ses « canards et ses couacs » au milieu des vignes ! On avait le droit de goûter au raisin et s’arrêter pour respirer.
A midi, un pique-nique était organisé à l’ombre d’un arbre. Ma grand-mère et mes tantes apportaient les victuailles, charcuterie (restes du dernier cochon assassiné…) pain, fromages… de chèvres, oeufs durs, tartes encore chaudes, boissons et café.
L’ambiance bon enfant ne faiblissait pas après la pause et on repartait pour avoir fini avant la nuit. Les plus jeunes, déjà fatigués restaient se reposer et digérer à l’ombre.
Le soir, tout ce petit monde était fourbu, les dos en « compote », le pressoir tout content et le grand-père ravi de goûter bientôt sa « piquette »!
Les enfants profitaient bien de cette journée festive, l’école avait repris mais il faisait encore chaud malgré l’automne tout proche. Le soir ils n’avaient pas beaucoup d’appétit pour le banquet et certains se tenaient le ventre après avoir abusé du produit de la vigne !
Chacun attendait le jour où on allait faire du cidre car, cette année encore, il y avait beaucoup de pommes… Il y aurait aussi beaucoup de coliques en perspective à cause du cidre doux bu en excès… comme d’habitude !!!
C’était dans les années 1965 et quelques… mais qui s’en souvient ?

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