envers

Au pays de tout à l’envers François Romain

C’est bien au pays du roi de Toutalenvers (Toutoute pour les intimes) que se situe ce récit ;

Tandis que le soleil commence à se coucher, le baron réveillé par le cri d’une chouette, se dit qu’il était temps de quitter son lit pour commencer la nuitée car il se souvient vaguement qu’il doit s’occuper d’une affaire importante.

Comme il n’est pas encore très vieux (17 ans) il a du mal à se lever car toutes ses articulations sont douloureuses, mais il se console en se disant qu’en prenant de l’âge, tous ses rhumatismes disparaîtront bientôt.

Ouvrant la fenêtre donnant sur le balcon d’apparat de son palais, il constate que toute son armée est déjà prête à partir en guerre.

A la tête de celle-ci se trouve le Général Chocotte qui est tellement peureux et a une telle horreur des armes et de la violence que tout le peuple a voté pour le désigner Général en Chef Désarmé.

Le roi Toutoute n’a pas très envie de partir en guerre. Il ne sait d’ailleurs plus très bien pourquoi celle-ci a été déclarée à sa voisine : La reine de Toutalendroit -Peut-être à cause de leurs visions fondamentalement opposées de l’organisation idéale du monde ?

Mais le Baron se raisonne : « Il faut bien que je les suive puisque je suis leur chef ! »

Les deux armées se rejoignent sur le champ de bataille voisin, éclairé par un superbe clair de lune et parsemé de coquelicots, de pâquerettes et de violettes que les soldats prennent soin de ne pas piétiner. C’est une nuit de pleine lune

Afin d’éviter des morts et des blessés inutiles, un accord est intervenu entre les deux ennemis pour que seuls les deux plus féroces guerriers de chaque camp s’affrontent en combat singulier.

A vrai dire, cette solution apparemment raisonnable s’est souvent avérée inefficace par le passé. : Très souvent, les belligérants ont refusé d’accepter le résultat du duel en invoquant une traîtrise ou une déloyauté ayant faussé le jugement de Dieu (Qui pourtant voit tout)

Ils ont fini par s’étriper, histoire de ne pas s’être dérangés pour rien.

Les deux colosses désignés ont une allure terrible, vêtus de simple pagnes de cuir, ils exhibent une musculature impressionnante, toute couturée de balafres et de cicatrices témoignant de la violence des précédents combats qu’ils ont remportés.

Ils s’avancent l’un vers l’autre-à cloche-pied comme l’exige la tradition- en faisant rouler leurs muscles et en poussant des cris furieux. Parvenus à un mètre l’un de l’autre, ils se jaugent, un rictus de haine déformant leurs traits bestiaux. Ils sont manifestement prêts à s’étriper avec leurs énormes glaives.

Et puis soudain, leurs visages s’éclairent d’un sourire presque enfantin, ils se rapprochent encore mais c’est pour tomber dans les bras l’un de l’autre et s’étreindre langoureusement. Manifestement frappés d’un improbable coup de foudre mutuel, ils échangent un baiser passionné.

A la vue de ce spectacle, les deux camps ennemis sont frappés de stupeur : Plus un mouvement, plus un bruit sur le champ de bataille…Un long moment de silence (Pendant lequel les deux champions continuent à s’embrasser)

Tout d’un coup, les deux armées s’élancent l’une vers l’autre, les soldats jettent à terre leurs armes et boucliers et se mettent à s’embrasser et se câliner en se promettant une amitié éternelle, du moins jusqu’à la prochaine déclaration de guerre.

Contemplant toutes ces effusions pas très viriles et plutôt déroutantes, le roi de Toutalenvers et la reine de Toutalendroit poussent ensemble un profond soupir de résignation.

Après tout, se dit la reine, ce désordre là vaut peut-être bien un ordre reposant sur la force, la peur et la violence dont je suis plus que lasse.

C’est ce moment que choisit le roi de Toualenvers pour lui proposer sans façon de visiter son palais, sans oublier sa chambre dans laquelle ils s’attarderont deux jours entiers…

FIN

 François Romain

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