Certes, je suis lent, mais aussi courageux, persévérant, motivé. Ne me bousculez pas, laissez moi aller à mon rythme nonchalant… Souvenez vous du lièvre et de la tortue ! En plus, je ne dérange personne la journée puisque j’ai décidé d’être noctambule et donc bien tranquille pour circuler dans le jardin qui n’est pas un grand parc, mais pour moi, quelle aventure !
Après la terrasse en pavés auto bloquants, sur la droite, côté ouest, le cabanon de jardin avec les outils, les chaises longues, le bric-à-brac. Ensuite, une étendue de cailloux blancs tout autour du catalpa et sur les trois côtés, des parterres avec plantations, rosiers, jasmin, chèvrefeuille, encore rosiers, glycine, un lilas blanc, des sauges de teintes différentes, des pots de géranium, une échelle de peintre (où je m’entraîne à l’escalade) sur laquelle sont posés des pots de fleurs aux couleurs vives, bref, rien d’intéressant pour moi, trop sucré, je dois surveiller ma glycémie et ma taille. Ce qui m’attire, c’est le mini potager en carrés, en hauteur, sud ouest. Mais cette année, c’est le marasme : des plantes aromatiques des années précédentes, pas une misérable petite salade croustillante et fraîche… l’an dernier, j’en avais fait une orgie, une indigestion. J’avais même dû me battre avec la famille Limace ! Il y avait aussi des courgettes, un régal, des tomates cerises en veux tu en voilà !
Cette saison, calme plat, rien à l’horizon : j’ai beau m’escrimer chaque nuit à escalader les parois en bois, à m’accrocher force piolet et corde, rien ! Pourtant, la belle jardinière, elle aurait largement le temps !
Tout en somnolant dans mon coin, le jour, face est, sous les hortensias, je les épie et ne les vois pas se remuer beaucoup ! Je me demande ce qu’ils vont manger comme verdure cet été ?
Enfin, c’est vrai que je ne leur laissais pas grand chose après mes folles équipées nocturnes… Je n’y peux rien, mais l’ascension du potager me demande une telle énergie que ça m’ouvre l’appétit !
Attention, je viens de voir le monstre poilu noir qui fait sa ronde, fesses en l’air et truffe au sol… je rentre vite fait dans ma coquille -maison, roule sous une feuille d’hortensia en attendant que le danger soit passé… le monstre pourrait prendre peur en me voyant et déclencher l’alarme, alerter tout le quartier… Il paraît que les humains (certains du moins) sont très friands de ma chair, tu m’étonnes, nourri aux salades bio ! Ça ne peut être que délicieux !
Bon, cette année ne me semble pas propice… manque de motivation peut être ? Je vais donc penser à émigrer : je me suis laissé dire que du côté de Saint Palais, certains potagers sont prometteurs… Profusion, variété et pas de concurrence !
Je vais donc me presser lentement et me mettre en quête d’un blablacar si je veux être là bas avant l’automne !
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