LE HAMAC : UNE PRATIQUE A RISQUES
Quoi de plus agréable qu’une petite sieste l’été dans un hamac à l’ombre fraiche des trois chênes au fond du jardin ?
Cet exercice, que je pratique pourtant à haut niveau, n’est cependant pas sans danger …
Il y a d’abord la montée dans le hamac, pour laquelle il est impératif d’avoir les deux mains libres : si l’on prétend y procéder avec un verre à la main (pourquoi pas un petit cocktail ?) c’est la douche assurée en voulant reprendre son équilibre.
Avec un livre à la main, on est sûr de perdre sa page et de corner la moitié des autres pages Pour peu que le brochage du bouquin, soit un peu fragile , le vent se fera un plaisir d’en disperser les pages aux quatre coins du jardin et même au dela.
Même avec les deux mains libres, il faut s’y prendre très doucement et sans précipitation Un excès d’enthousiasme peut exposer à deux inconvénients : une entrée avec trop d’élan entraînera une forte bascule de la toile, voire même un tour complet se soldant par l’expulsion rapide du candidat à la sieste.
Autre danger lié à la corpulence de l’individu : une montée trop brusque pourrait bien être aussitôt suivie d’un craquement sinistre signifiant que la toile n’a pas résisté à la charge, le postérieur du malheureux siestophile se trouvera alors coincé dans un trou béant, à quelques centimètres du sol, tandis que les pieds et la partie supérieure de son corps se trouveront positionnés nettement plus haut, le front rejoignant les chevilles, dans un exercice de souplesse tout à fait inédit, du moins pour l’intéressé.
Dans cette position, qui présente une remarquable stabilité dont on aurait rêvé de bénéficier pendant l’usage courant du hamac, il est en principe impossible de se sortir seul du piège,
Il ne restera plus alors qu’à se résoudre au plus grand ridicule, en appelant à l’aide son conjoint ou un voisin. Toutefois, l’un ou l’autre ne répondra que s’il n’est pas en train de passer l’aspirateur ou la tondeuse à gazon.
Dans les cas les plus extrêmes, et à condition d’avoir son téléphone portable à portée de main c’est-à-dire pas dans la poche de son pantalon, on peut tenter d’appeler les pompiers en leur précisant que l’usage de la grande échelle ne sera probablement pas nécessaire.
En supposant que la phase critique de la montée dans le hamac se soit déroulée sans dommage, il restera à profiter d’un repos bien mérité après une ascension aussi périlleuse. Mais là encore, attention, pas de rêves agités, votre cauchemar de chute dans un précipice, vous pourriez bien le réaliser brutalement de la manière la plus concrète.
Mais même en cas de léger assoupissement, tout danger n’est pas exclu.
Par un phénomène assez inexplicable, et même en l’absence de forte tempête (en principe peu propice à une sieste sous les arbres) l’individu éprouvera d’abord une légère sensation de balancement. Dans le meilleur des cas, le bercement qui en résultera favorisera l’entrée dans un sommeil heureusement réparateur après les émotions subies lors de l’ascension dans le hamac
Mais au contraire, il se peut que la sensation d’un léger balancement s’accentue pour dériver vers l’impression d’être balloté au gré d’une forte houle..
La sieste se faisant généralement après le déjeuner, et à moins d’avoir vraiment le pied marin, il n’est pas difficile d’imaginer la suite : Un violent mal de mer. La nausée irrépressible qui suivra peut alors vous conduire à deux extrémités Soit vous avez le reflexe de quitter précipitamment le hamac et vous voilà engagé dans le mouvement de rotation accélérée que vous aviez judicieusement réussi à éviter lors de la montée dans l’esquif.
La loi de la gravité étant implacable, votre postérieur en fera les frais et un énorme hématome en portera témoignage pendant plusieurs jours Vous aurez bien du mal à expliquer l’origine de cette héroïque blessure à vos intimes sans vous ridiculiser.
Autre solution pour éviter la chute, vous prenez tout votre temps pour vous extraire des éléments déchaînés. Mais pas sûr que la nausée vous accorde suffisamment de temps..Et le déjeuner amoureusement concocté par votre épouse de réussir une belle échappée dans l’espace confiné du hamac.
On imagine alors dans quel état le naufragé devra rejoindre son domicile, abandonnant définitivement le peu d’estime de soi qui lui restait. Et ce n’est pas le regard navré de son épouse recevant ses explications totalement incohérentes au sujet du mal de mer et de la tempête dont il a été victime dans le jardin qui lui permettront de sauver la face..
Nota Bene : j’ai appris qu’il existait des hamacs biplaces…Les mises en garde ci-dessus sont sans doute valables compte-tenu de risques probablement aggravés par des facteurs d’instabilité que la décence m’interdit d’évoquer ici.
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