Le Scribe
(le rêve d’Horemheb)
Dans les sables chauds de Nubie
Court un jeune garçon
Dont la seule et unique lubie
Est d’approcher Pharaon.
De retour de son école,
Sur les rives du fleuve Nil,
Son esprit vif caracole,
Sous l’oeil des crocodiles.
« Muni de mes propres armes,
A l’école, déjà, je grave les tables.
Serein, je garde mon calame.
J’ai mon stylet dans mon cartable.
Je serai donc Scribe et fier de l’être !
Dans la pierre, je formerai les lettres
Ô Râ, Dieu soleil, guide mes pas
Travailler le granit est ingrat.
Il faut s’isoler pour mieux ciseler,
Gravir les échelons, et sans cesse graver
Illustrer, chef d’oeuvre de ma vie,
Le grand Livre des Morts au lavis.
Ma plume légère, reflet de l’âme,
Tracera des idées au gramme.
Mais il me reste pour le devenir
Beaucoup de parchemins à parcourir
La fortune souriant bientôt
A ceux qui célèbrent Thot.
De Napata à Rosette
Sous la protection de Seth
Je rentrerai riche, héroïque,
Mes poches pleines d’Afrique ».
Le garçon assis en tailleur
Laissait son esprit partir ailleurs.
Il se voyait face à Pharaon.
Surtout, ne pas paraître fanfaron.
A Saqqarah, le grand Djéser
Est craint pour ses éruptions
Et ses jugements lapidaires
La mort comme seule punition.
Le jeune enfant du désert,
A un rocher, adossé,
Perdu dans ses pensées,
Sort de son cartable un dessert.
Un rahat loukoum, oublié,
Dans un vieux papyrus plié,
Lui révéla, soudain émerveillé
Des pyramides d’Egypte, le sucré.
Jacques – Avril 2020
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