TIROIR

Confinement, Laurianne

Ouvrez votre boîte, votre tiroir, et faites l’énumération de tout ce que vous trouverez. C’est amusant et souvent surprenant.

 « Bon, en ce temps de confinement, il faudrait bien ranger ce bureau ! » je me dis en soufflant une énième fois. Je me mets un fond musical, c’est toujours plus motivant ! Je commence par les tiroirs. Ça doit faire au moins deux ans que je n’ai pas fait du tri dans mes tiroirs ! J’en ouvre un, en me dandinant sur ma chanson préférée des Guns’N Roses « Paradise city ». Pourtant mon tiroir représente plus l’enfer, vu le bazar qu’il contient… Je sors les fiches Bristols, mes cartouches d’encre, des post-it. Il y en a partout ! J’ai l’impression d’être un magasin de papeterie ! Dans un élan d’énergie, poussée par les guitares électriques de la chanson, je sors tout de ce qu’il y a dans ce foutu tiroir. Je retrouve un gant, seulement un. Je l’essaye, malgré l’odeur un peu vieillissante… Ah, je ne rentre que les doigts… Je le jette à la poubelle, tant pis si je ne trouve pas le second gant. Dans une petite boîte violette, je découvre des trombones, des papiers de bonbons avec des blagues dessus, et une carte de visite. C’était le premier restaurant de mes parents, d’il y a huit ans. Et aujourd’hui, avec mes seize printemps, je me sens un peu âgée…  Sinon, je retrouve aussi des lettres d’amour de mon premier amoureux. On était plus des amis, très proches, le duo inséparable mais de là à être amoureux… Je pense que non, désolée P. ! En fouillant un peu dans la pile de papier, je remets la main sur les sujets blancs du brevet, des cartes postales de Carcassonne, venant de mes grands-parents, mais aussi de dessins, la plupart ratés…

                  Finalement, après avoir tout trié et jeté beaucoup de choses, je regarde l’heure. Dix-huit heures, j’ai pris une heure et demie avec un seul tiroir ! Eh bien, heureusement que je n’ai que ça à faire…

 

« Le chemin de la vie est parfois ténébreux ou rocailleux, mais la compagnie de vrais amis le rend toujours plus aisé et lumineux ».

Citation d’actualité, j’en conviens, pour une issue positive. Alors, racontez un passage difficile de votre vie durant lequel un ou des amis vous ont permis d’en sortir plus fort, plus riche (ne parlons pas d’argent, mais d’expérience et de ressource morale).

                  Il est vrai que dans la vie d’une adolescente, fébrile et perdue, les moments difficiles sont trop nombreux…

Le plus dur, pour ma petite personne, a été ce qu’on appelle un « coming out ». Cela veut dire qu’on avoue à nos proches que nous ne sommes pas hétérosexuels.

Effectivement, en avril 2018, je dévoile que j’ai des sentiments à une fille. J’avais déjà aimé une autre, mais je ne lui avais rien dit, de peur d’être malheureuse parce que j’avais l’intuition que mes sentiments n’étaient pas partagés. Ce premier amour envers une fille ne m’a pas fait énormément de mal… Ce n’était qu’une préoccupation, qu’un pincement au cœur…

Pour en revenir à la déclaration que j’ai faite à cette fille, j’étais en 3e. Ce jour-là, j’étais toute tremblante, angoissée à l’idée de me faire des idées sur elle. Alors, je m’étais fait belle, pour l’occasion ! A la récréation, je lui dévoile mon amour – et me découvre une âme romantique. Elle souriait pendant mon annonce peu commune, son sourire était fabuleux. Elle s’excusa avec les larmes aux yeux : elle ne m’aimait pas, n’étant pas intéressée par la gente féminine. Je partis, en lui lançant un petit « ce n’est pas grave ». En réalité, c’était un désastre, l’apocalypse dans mon cœur. A l’intérieur, tout est passé des flammes à la neige en une fraction de seconde. Mais je ne m’attendais pas à que le plus difficile était de surmonter les critiques qu’on m’a fait, suite à cette déclaration. Je pleurais jour et nuit de cet amour impossible et du harcèlement homophobe qui m’envahissait depuis quelques semaines. C’est bien vrai qu’un chagrin d’amour peut dévaster. C’est bien vrai que des rires malveillants à l’encontre d’une personne peuvent détruire.

Puis, un jour de mai, une amie remarqua mon mal-être. Elle me posa quelques questions. Toutes mes amies connaissaient l’histoire de cet amour impossible, mais c’était la seule à me prendre en main. Les autres m’avaient réconforté, c’est vrai, mais que dire quand on a le cœur déchiré ? Cette amie, aujourd’hui ma sauveuse, m’a fait rire, et profiter de la vie. Grâce à elle, je suis sortie de ma tristesse, mon cœur a abandonné sa grotte. A ce jour, même si elle ne m’écoute peut-être pas, je lui dis « merci ». Il faut qu’elle sache aussi que je suis là pour elle, si l’envie ou le besoin se présente.

 

Racontez un souvenir d’enfance, de jeunesse qui vous a rendu heureux.

Etait-ce une rencontre de vacances, des moments passés avec un(e) ami (e), en famille… Souvenez-vous et laissez aller votre imagination, car l’imagination, c’est la magie des images !

                  Le 27 novembre 2013, ça y est, enfin, le moment que j’attendais depuis si longtemps ! J’ai dix ans !! Je suis une grande fille ! Ce jour est fabuleux ! Encore dans mon lit, je réfléchis à toutes les choses que je vais pouvoir faire : fêter mon anniversaire avec mes copines, monter à l’avant dans la voiture, et recevoir tous mes cadeaux ! Heureuse, je me lève en espérant que Papa a préparé mon gâteau préféré : le gâteau au chocolat. Au petit déjeuner, mes parents me souhaitent un bon anniversaire. Je les remercie et je commence à faire mes tartines. Aujourd’hui va être une grande journée : je ne vais à l’école pour une raison très spéciale. Je vais voir le premier concert de ma vie, je suis toute excitée ! Et l’artiste n’est pas des moindres : Mylène Farmer, pour sa tournée Timeless 2013. Les billets étaient en vente il y a plus d’un an, je suis allée les acheter avec Maman. Je suis si impatiente que, pour une fois, je ne bronche pas pour aller me doucher. En une dizaine de minutes, je suis prête et je cours jusqu’à la voiture. Je suis attachée, maintenant direction le zénith de Toulouse !

                  Vingt heures : nous sommes devant les portes du zénith. Elles ouvrent et c’est la précipitation vers les vigiles, afin qu’ils valident nos places et pour qu’ils vérifient que nous ne portons rien de dangereux. Papa me désigne un étalage de petits objets à l’effigie de la tournée. Au-dessus des t-shirts arborant le buste nu et blanc de Mylène, une affiche disant « Merchandising ». Je ne sais pas ce que ça signifie mais Maman me dit :

« Tu veux acheter quelque chose ? J’ai pris ton argent de poche pour l’occasion. »

Je désigne un stylo et un porte-clés, cela va me convenir. Après avoir cherché notre place dans les gradins, nous nous installons. Et là, que le show commence ! Je fais mes premières olas, je tape dans mes mains, elles deviennent toutes rouges ! Et tout d’un coup, comme au cinéma, les lumières s’éteignent. Un bruit de hurlement se fait entendre. C’est le public qui acclame Mylène. La musique résonne, les lumières m’éblouissent, je m’éclate ! Je chante fort, mais personne ne m’entend. Je danse avec Mylène, même si elle a la taille d’une figurine de Lego. Bref, je suis émerveillée du jour de mes dix ans.

 

Si j’étais un oiseau ! Et quel oiseau ? Imaginez, vous êtes un oiseau, vous survolez…. et que voyez-vous ? Que survolez-vous ? Racontez tel un témoignage comment vous voyez les choses d’en haut ? Imaginez….

                  Si j’étais un oiseau, je serai sûrement une hirondelle. Libre et flâneuse, elle est le symbole de la bonne santé, des doux messages qu’on s’envoie de notre lever à très tard le soir, entre amoureux. Sa plume a inspiré de nombreux écrivains, à nous de la décrire. Ses reflets bleus nous apporte jusqu’à la plage où on s’était promenés, une première fois, main dans la main. Les vagues dans notre regard, je t’avais embrassé pour la première fois. C’était un peu timide, mais la douceur de tes lèvres emporte toutes mes inquiétudes. L’envol de ce bel oiseau, gracieux et léger, est la parfaite image qui pourrait résumer notre amour…

                  Et pendant une nuit étoilée, je rêve de nous, métamorphosés en hirondelles. On survolait la ville, on jouait à la course, entre les immeubles. Sur les toits d’une résidence, on pouvait apercevoir la montagne. Alors on partait vers celle-ci ; notre premier voyage ! Après quelques heures de vol, on arrivait dans une vallée, fraîche due à la rosée. Cachés sur une branche d’un sapin, on se reposait l’un contre l’autre, les plumes mélangées.

Laurianne

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