Avec mon artiste, le soir, dans l’atelier…
Je viens de la cuisine…
De la fenêtre ouverte, tout sentait encore bon la chair de l’après-midi…et le jardin, c’est comme si je l’avais bu, tant l’odeur des herbes était forte…
Alors, je n’ai pas débarrassé les assiettes du dîner.
Il devait être sept heures.
C’est l’odeur âcre de peinture qui m’a entraînée jusqu’à ton atelier.
De la porte ouverte, j’ai regardé longtemps l’homme qui peignait, et, dans sa main crispée, les cris du soleil étalés sur la toile…
La toile était belle…si belle, que j’ai eu peur…
Tu étais entré en elle, et ce grand corps, penché sur sa maîtresse, ne m’appartenait plus.
Alors, maintenant qu’il ne reste que l’ombre,
Je veux poser mes mains sur tes larges épaules et incliner mon front sur ce visage brûlant,
Rester ainsi longtemps,
Te reprendre et te garder,
Ce soir, tu es à moi,
Et je ne veux pas croire que je suis ton sommeil,
Et que c’est aux couleurs
Que tu donnes ta vraie vie, pour
Que ce sont elles que tu aimes…
C’est à moi, que tu le dis!
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